Togo : La présidente de PEN Togo, Marthe Nounfoh Fare, risque d'être emprisonnée
RAN 03/2024
5 juillet 2024: Marthe Nounfoh Fare, présidente de PEN Togo, risque d'être emprisonnée pour une vidéo et un commentaire qu'elle a publiés sur son compte TikTok le 19 juin 2024. La vidéo a été filmée à distance et montre une femme non identifiée faisant les cent pas devant le siège du parti au pouvoir au Togo, le parti Union pour la République (UNIR). Marthe a été convoquée par les autorités au poste de police de Lomé le 26 juin 2024. Elle est restée en détention arbitraire jusqu'au 1er juillet, date à laquelle elle a été traduite en justice et inculpée d'« atteinte à l'intimité de la vie privée ». Curieusement, ce sont les autorités qui ont recherché et contacté la « plaignante » au sujet de la vidéo.
Marthe doit comparaître à nouveau devant le tribunal le 15 juillet pour une audience de détermination de la peine. Elle risque jusqu'à six mois de prison si elle est reconnue coupable.
PASSEZ À L'ACTION
Veuillez adresser des appels aux autorités togolaises, en les exhortant à :
● Mettre fin au harcèlement judiciaire de Marthe Nounfoh Fare et abandonner sans condition toutes les charges retenues contre elle ; et
● Protéger le droit de Marthe Nounfoh Fare à la liberté d'expression, en ligne et hors ligne.
Envoyer les appels à
Nom : Faure Essozimna Gnassingbé
Rôle : Président de la République du Togo
Formulaire de contact : https://presidence.gouv.tg/ecrire-au-president/
X (Twitter) : @PresidenceTg
Nom : Mipamb Nahm-Tchougli
Rôle : Ministre de la Justice
Courriel : [email protected]
X (Twitter) : @justice_togo
Veuillez contacter votre ministère des affaires étrangères et vos représentants diplomatiques au Togo pour leur demander de soulever le cas de Marthe Nounfoh Fare dans les forums bilatéraux. Les coordonnées sont disponibles ici.
***Veuillez envoyer vos appels immédiatement. Vérifiez auprès de PEN International si vous envoyez vos appels après le 16 juillet 2024. ***
Publicité
Les membres de PEN sont encouragés à
● Publier des articles et des tribunes dans votre presse nationale ou locale pour mettre en lumière le cas de Marthe Noun Fare ;
● Partager des informations sur Marthe Nounfoh Fare et vos activités de campagne via les médias sociaux.
● Encourager les autres membres de votre réseau à écrire des messages (lettres, courriels ou tweets) demandant l'arrêt du harcèlement judiciaire de Marthe Nounfoh Fare.
Merci de nous tenir informés de vos activités. Les messages peuvent être envoyés à Nduko o'Matigere, responsable de la région Afrique à PEN International : [email protected]
Solidarité
Des messages de solidarité à Marthe Nounfoh Fare peuvent être envoyés ici :
Facebook : https://www.facebook.com/marthenoun.fare
Twitter : https://x.com/marthefare
Instagram : https://www.instagram.com/marthefare
TikTok : https://www.tiktok.com/@marthefare2
Contexte
Marthe Nounfoh Fare est une écrivaine, journaliste, blogueuse, et experte en communication togolaise. Elle est présidente de PEN Togo depuis sa création en 2016. Elle est l'auteure des romans La sirène des bas-fond et Rivales. Marthe travaille également comme formatrice en journalisme web auprès d'établissements d'enseignement supérieur au Togo. Elle est lauréate du Prix Sembene Ousman du roman 2021 décerné par l'Association des écrivains sénégalais (AES). Marthe est une militante engagée de la liberté d'expression et de la promotion des droits humains des femmes au Togo et dans le monde.
Le 26 juin 2024, la police nationale du Togo a convoqué Marthe au poste de police du troisième arrondissement de Djidjole, à Lomé, la capitale, pour l'interroger sur sa vidéo TikTok. Cependant, la police l'a empêchée de partir alors qu'elle n'avait pas été inculpée. Les autorités ont refusé de communiquer à ses avocats les raisons de sa détention sans inculpation.
Marthe est restée en détention arbitraire jusqu'au 1er juillet 2024, date à laquelle elle a été traduite en justice et inculpée, en vertu des articles 368, 369 et 370 du code pénal togolais, de « violation de la vie privée » - une plainte qui aurait été déposée par un membre de la famille de la femme apparaissant dans la vidéo de Marthe. Pourtant, ce sont les autorités qui ont recherché et contacté la « plaignante » à propos de la vidéo.
Devant le tribunal, le procureur général a requis une peine de six mois de prison à l'encontre de Marthe. Ses avocats s'y sont opposés et ont demandé un non-lieu, invoquant l'absence de fondement de l'affaire et les vices de procédure de la police et de l'accusation. Marthe a été libérée et comparaîtra devant un juge du tribunal de première instance de Lomé le 15 juillet pour une audience de détermination de la peine. Marthe risque d'être condamnée si ce cas flagrant de harcèlement judiciaire n'est pas rejeté.
Bien que le droit à la liberté d'expression soit garanti par la Constitution au Togo, dans la pratique, les autorités ont toujours manqué à leur obligation de le protéger. Comme le souligne War, Censorship and Persecution, la Liste de Cas 2023/2024 de PEN International, la répression en ligne est endémique au Togo, les autorités ciblant souvent les journalistes pour des poursuites malveillantes pour avoir commenté des sujets d'actualité sur leurs comptes de médias sociaux.
Note aux rédacteurs : Pour de plus amples informations, veuillez contacter Nduko o'Matigere, responsable de la région Afrique à PEN International : [email protected]